PONT FERROVIAIRE Il y a des dates qui, non seulement marquent la fin d'une époque mais constituent en même temps les prémices de changements radicaux. La construction du pont ferroviaire, cinquante ans après la fin de la République, signe la rupture de l'orgueilleux isolement de Venise. On était alors à l'aube de l'ère industrielle dans le monde entier. S'en suivra la réalisation de la station maritime. Le développement du port favorisera la reprise démographique : 130000 habitants en 1881, 150000 en 1911. La première pierre du pont fut posée le 25 avril 1841 par l'empereur d'Autriche Ferdinand I. L'inauguration eut lieu le 11 février 1846. De style roman, il s'étend sur 3601 mètres, est constitué de 222 arcs et peut aujourd'hui encore être considéré comme un chef d'œuvre de la technique.

PONT ROUTIER : PONTE DELLA LIBERTA Avant même la réalisation du pont ferroviaire, l'idée d'un pont qui unisse Venise à la terre ferme avait germé. 25 ans après l'arrivée du chemin de fer, les projets refleurirent. En 1917, en pleine guerre, la nécessité d'un tel ouvrage devint évidente. Un projet gigantesque, soutenu par les fascistes locaux prévoyait un pont de Marghera aux Fondamente Nuove avec bifurcation vers Burano et le Lido. Mussolini lui même dut prendre position contre une telle folie. Finalement fut retenu en 1929, le projet de l'ingénieur Vittorio Umberto Fantucci. Les travaux commencèrent le 17 juillet 1931 pour se terminer le 25 avril 1933, après seulement vingt mois de travaux. Quatre kilomètres de long sur une largeur de 20 mètres, c'était alors le plus long pont au monde. Jusqu'à la fin du 20ème siècle, il reste le plus long d'Italie. Baptisé Ponte del Littorio, à l'ère fasciste, il fut renommer Ponte della Liberta en 1945.

PONT VOTIF DEL REDENTORE Entre 954 et 1793, il y eut a total 69 épidémies de peste. L'une des plus terribles fut celle qui commencée en juin 1575 se termina en 1576. Pour remercier le Seigneur d'avoir mis fin à cette peste, le 18 septembre 1576, le Sénat décide de faire ériger sur l'île de la Giudecca l'église du Rédempteur. Le 3 ami de l'année suivante, le doge Luigi Mocenigo se rend solennellement sur un pont de barques sur l'île pour poser la première pierre. Depuis lors chaque année, le 3ème dimanche de juillet, appelé jour de la fête du Rédempteur, on construit un pont de barques entre les Zattere et l'île de la Giudecca, pour rejoindre l'église. Voici comment George Sand décrit la fête du Rédempteur dans une de ses lettres : "Nous nous retrouvâmes à la fête ou sagra du Rédempteur. Chaque paroisse de Venise célèbre magnifiquement sa fête patronale à l'envi l'une de l'autre ; toute la ville se porte aux dévotions et aux réjouissances qui ont lieu à cette occasion. L'île de la Giudecca, dans laquelle est située l'île du rédempteur, étant une des plus riches paroisses, offre une des plus belles fêtes. On décore le portail d'une immense guirlande de fleurs et de fruits ; un pont de bateaux est construit sur le canal de la Giudecca, qui est presque un bras de mer en cet endroit ; tout le quai se couvre de boutiques de pâtissiers, de tentes pour le café et de ces cuisines de bivouac appelés frittole, où les marmitons s'agitent comme de grotesques démons, au milieu de la flamme et des tourbillons de fumée d'une graisse bouillante, dont l'âcreté doit prendre à la gorge ceux qui passent en mer à trois lieues de la côte. Les Vénitiens ont dans le caractère un immense fonds de joie ; leur péché capital est la gourmandise, mais une gourmandise babillarde et vive, qui n'a rien de commun avec la pesante digestion des Anglais et des Allemands ; les vins de muscats de l'Istrie à six sous la bouteille procurent une ivresse expansive et facétieuse. café et de ces cuisines de bivouac appelés frittole, où les marmitons s'agitent comme de grotesques démons, au milieu de la flamme et des tourbillons de fumée d'une graisse bouillante, dont l'âcreté doit prendre à la gorge ceux qui passent en mer à trois lieues de la côte.Les Vénitiens ont dans le caractère un immense fonds de joie ; leur péché capital est la gourmandise, mais une gourmandise babillarde et vive, qui n'a rien de commun avec la pesante digestion des Anglais et des Allemands ; les vins de muscats de l'Istrie à six sous la bouteille procurent une ivresse expansive et facétieuse comme de grotesques démons, au milieu de la flamme et des tourbillons de fumée d'une graisse bouillante, dont l'âcreté doit prendre à la gorge ceux qui passent en mer à trois lieues de la côte. Toutes ces boutiques de comestibles sont ornées de feuillages, de banderoles, de ballons en papier de couleur qui servent de lanternes ; toutes les barques en sont ornées, et celles des riches sont décorées avec un goût remarquable. Ces lanternes de papier prennent toutes les formes ; ici ce sont des glands qui tombent en festons lumineux autour d'un baldaquin d'étoffes bariolées ; là ce sont des vases d'albâtre de forme antique, rangés autour d'un dais de mousseline blanche dont les rideaux transparents enveloppent leurs convives ; car on soupe dans ces barques, et l'on voit, à travers la gaze, briller l'argenterie et les bougies mêlées aux fleurs et aux cristaux. Quelques jeunes gens habillés en femmes entrouvrent les courtines et débitent des impertinences aux passants. A la proue s'élève une grande lanterne qui a la figure d'un trépied, d'un dragon ou d'un vase étrusque, dans laquelle un gondolier, bizarrement vêtu, jette à chaque instant une poudre qui jaillit en flammes rouges et en étincelles bleues."

PONT VOTIF DELLA SALUTE L'église Santa Maria della Salute (santé) fut construite pour remercier la Vierge d'avoir finalement mit fin à une épidémie de peste qui, en 1631, tua plus de 82000 personnes, soit la moitié de population. Au total dans l'Etat vénitien, la peste fit 600000 morts Chaque année, le 21 novembre, on fête solennellement l'événement. A cette occasion, se forme un pont de bateaux entre le Salute et l'autre rive du Grand Canal afin de permettre aux fidèles d'accéder facilement à la basilique. C'est l'équivalent de la fête du Rédempteur, le 3ème dimanche de juillet.