PONTE DELLA RIODA Rioda est le mot du dialecte vénitien pour ruota, la roue. Un charmant édifice surgit sur le côté de l'église San Stae : c'était le siège de la scuola dei Tiraoro e dei Battiloro, les premiers étant les spécialistes qui fabriquaient les fils d'or, les seconds ceux qui réduisaient l'or en fines feuilles. Sur la façade latérale de cette école, on trouve une pierre circulaire d'environ 40 cm de diamètre sur laquelle est sculptée une roue semblable à l'écusson de la famille Molin, qui donne son nom au rio et au pont voisins

PONTE DI RIALTO On doit le premier pont qui unissait les deux rives du Grand Canal dans sa partie la plus étroite à Nicolo Baratteri, celui là même qui releva les deux colonnes sur la Piazzetta. Nous sommes en 1180, période où déjà le Rialto era le siège d'une intense activité commerciale. Le marché du Rialto s'ouvrira en 1197. Ce premier pont, édifié sur des barques était appelé "del Quartarolo", parce que le péage était fixé à un quart de sou. Il fut reconstruit en 1264 sur pilotis mais fut détruit dans la nuit du 14 au 15 juin 1310 lors de la conjuration me née par Bajamonte Tiepolo. Tout de suite reconstruit, le troisième pont s'écroula sous le poids de foule qui s'y était amassée en 1444 lors de la visite du marquis de Ferrare. Le nouveau pont reconstruit, toujours en bois, fut bordé de boutiques sur ses deux côtés, la partie centrale pouvant se relevée pour permettre le passage des bateaux. C'est ainsi qu'on peut le voir dans le tableau de Vittorio Carpaccio "Le miracle de la Sainte Croix". Dans la première moitié du 16èe siècle, il subit des dommages. En 1521, la République organise un concours pour sa reconstruction. Les plus grands architectes de l'époque participèrent, parmi lesquels Michel Ange, Palladio et Sansovino. C'est pourtant Antonio de Ponte qui remporte de concours et c'est à partir de 1588, que les travaux de construction du pont tel qu'on peut le voir aujourd'hui commencèrent. Arche unique de 28 mètres, d'une hauteur de 7,50 mètres, chacun de ses piliers est soutenu par 6000 pieux.

PONTE RACHETA Notre jeu de tennis a un ancêtre : le jeu de paume, ainsi appelé parce qu'on lançait la balle avec la paume de la main. On l'appelait aussi " tenez ", verbe qui accompagnait chaque lancer de balle. D'où l'origine du mot tennis. En Italie, en usage dès le Moyen Age on l'appelait " pallacorde ", parce que la balle devait passer au-dessus d'une corde, puis jeu de la raquette, quand on substitua à la main cet outil fait de cordes entrelacées dans un ovale de bois. On comptait à Venise plusieurs endroits aménagés pour ce jeu.

PONTE ROSSO C'est le nom de trois ponts vénitiens. Il est probable qu'il est tout simplement du à la couleur de leurs voûtes . Un caractéristique de l'architecture vénitienne du Moyen Age et plus encore de la Renaissance était la couleur, ce qui contrastait avec les façades sombres des palais de la terre ferme. Le rouge était en particulier une des couleurs préférées à Venise. Rappelons le début d'un poème d'Alfred de Musset, mis en musique par Gounod : Dans Venise la rouge Pas un bateau qui bouge Pas un pécheur dans l'eau Pas un fallot ! La lune qui s'efface Couvre son front qui passe D'un nuage étoilé Demi voilé…

PONTE DEGLI SCALZI Face à la gare, c'est l'un des trois ponts qui traversent le grand canal. Tout de suite après l'inauguration de la gare le 11 février 1846, la nécessité d'un pont qui traverse le Grand Canal pour abréger le trajet vers San Polo et le campo Santa Margherita se fait sentir. Le pont fut lui inauguré en avril 1858. Il prit le nom de l'église à laquelle il fait face : l'église des Scalzi, les " déchaussés ", religieux qui portaient des sandales sans calze, chaussettes.

PONTE DELLE SECCHERE Le terme secchere désignait jadis ces endroits recouverts par les eaux au moment du flux et qui restaient à sec au moment du reflux. Comme bonne partie des constructions de la zone, le Ponte delle Secchere est relativement récent et très fréquenté car sur le chemin qui relie la piazzale Roma aux Frari.

PONTE DEI SARTORI On sait qu'à Venise, ceux qui exerçaient une profession déterminée se réunissaient en corporations appelées scuole, chacune d'elles obéissant à des règles précises, chacune d'elles ayant sa propre maison pour se réunir. Celle des tailleurs, sarti, avait son siège près du campo dei Gesuiti, où elle était propriétaire de 17 petites maisons et d'un petit hospice pour accueillir ses sociétaires en mauvaise santé. A la fin de la République, en 1797, on comptait à Venise 172 boutiques de tailleurs employant environ 800 personnes.

PONTE DEI SERVI Les servi désignent les serviteurs. Mais il s'agit là des serviteurs de Marie, religieux qui avaient fait construire ce pont en 1423 pour relier la fondamenta della Misericordia à leur couvent et leur église, aujourd'hui disparus.

PONTE DEI SOSPIRI Le célèbre pont des soupirs. Et n'allez pas croire qu'il s'agit des soupirs des amoureux qui se font photographier devant ! En 1589, les prisons qui depuis plus de deux siècles étaient abritées au rez de chaussée du palais des Doges devinrent à la fois insuffisantes (en nombre) et peu sures. Le Sénat ordonna dons la construction d'un nouvel édifice de l'autre côté du rio. En un douzaine d'années, un petit palais fut abattu et l'on construisit les nouvelles prisons. Il ne restait plus qu'à relier le palais ducal où se trouvait les salles du tribunal au nouvel édifice par un pont totalement fermé pour assurer un maximum de sécurité et éviter les évasions pendant le transfert des condamnés. La grande renommée dont jouit ce pont achevé en 1600 est due, certes à son aspect et sa position des plus agréables à contempler, mais surtout à son nom qui évoque les lamentations, les soupirs que poussaient ceux qui devaient le traverser pour se retrouver parfois à tout jamais dans cellules de la prison. Horrible prison : les cellules du bas étaient surnommées " les puits ". En dessous du niveau de la mer, elles étaient perpétuellement envahies par les eaux. Sous les toits, dans d'autres cellules, dites " les plombs ", les prisonniers devaient supporter les mois d'été une chaleur étouffante. Le point commun aux deux types de cellules étant les rats qui pullulaient allègrement. Voici comment Casanova, dans ses Mémoires écrits en français, parle des "puits" : "Ces prisons souterraines ressemblaient parfaitement à des tombeaux, mais on les appelle les Puits, parce qu'il y a toujours deux pieds d'eau qui y pénètrent de la mer par la même grille au travers de laquelle ils reçoivent un peu de lumière. A moins que le malheureux condamné à vivre dans ces cloaques impurs ne veuille prendre un bain d'eau salée, il est obligé de se tenir toute la journée assis sur un tréteau où se trouve une paillasse et qui lui sert de garde-manger. Le matin, on lui donne une cruche d'eau, une pauvre soupe et une ration de pain de munition, qu'il est obligé de manger de suite, s'il ne veut qu'il devienne la proie des gros rats de mer qui abondent dans ces horribles demeures." Ces prisons restèrent en service jusqu'au milieu du 20ème siècle.

PONTE DEI SQUARTAI Squartare, c'est écarteler et aussi dépecer, mettre en quartiers On exposait, après leur exécution, le corps des malfaiteurs taillé en morceaux. Les délits les plus graves, comme la trahison de la patrie, étaient punis de châtiments exemplaires, accompagnés d'une passegiata, promenade, à travers toute la cité. Le condamné partait de Saint Marc sur une barque et parcourait le Grand Canal en entier jusqu'à SantaCroce. Au cours du trajet, quelques arrêts étaient marqués pour lui infliger des punitions corporelles ; on lui lacérait les chairs à nues. Puis il était tiré à nouveau jusqu'à Saint Marc, attaché à la queue d'un cheval. Il était pendu, son corps était découpé en morceaux et les divers morceaux exposés en différents endroits de la ville.

PONTE DEL SEPOLCRO Venise inventa au 13ème siècle les voyages touristiques organisés. Voyage de dévotion en Terre Sainte. Les marchands possédaient les embarcations qu'il fallait, les marins connaissaient bien la route. La Terre Sainte était le rêve de tout chrétien. Les Croisades qui sous prétexte de libérer le Saint Sépulcre tendaient à freiner l'expansionnisme musulman. Moyennant finance, Venise organisait donc des voyages qui pouvaient durer six mois, du printemps à l'automne. En bon agent de voyage, le gouvernement de la Sérénissime s'arrangeait pour que les pèlerins se transforment en agent de commerce. Les voyageurs étaient hébergés dans des auberges plus ou moins luxueuses, mais toutes les femmes n'appréciant pas ce type de logement, ce fut l'occasion pour construire sur la route de nouveaux couvents, avec une aile réservée aux pèlerins.

PONTE DEL SOCCORSO Le pont tire son nom de la présence ici d'un couvent de religieuses qui venaient au secours (soccorso) des jeunes filles "égarées", des prostituées. Il avait été ouvert grâce aux fonds apportés par Veronica Franco, la plus célèbre courtisane du 16ème siècle, celle dont l'histoire est racontée dans le film "La Courtisane" sorti en 1999. Sa beauté, son esprit lui valurent de nombreux amants parmi lesquels le roi de France Henri III, de passage à Venise. Au delà lduponte del Soccorso, sur les Zattere, on découvre le canal de la Giudecca. Les vénitiens comparent l'endroit à la "rive gauche" de Paris. Les enfants jouent sur les quais, les plus grands après une promenade s'assoient à la terrasse d'un café, terrasse en bois suspendue au dessus de l'eau.

PONTE DEL SQUERO A Venise, le squero désigne la fabrique de gondoles et aussi le lieu de réparation. L'origine de ce mot est peut-être la parole squadra, l'instrument, sorte d'équerre, qui servait pour la fabrication des gondoles, parole qui aurait été déformée en squara puis squera. A moins qu'il ne dérive du grec escharion, qui désigne une espèce de petit chevalet, sur lequel on retouranit la gondole pour la réparer Le plus célèbre des squeri de Venise est celui qui, encore en activité, se trouve au bord du rio de San Tomaso. Mais beaucoup de charme à cet ex-squero que l'on peut admirer du ponte dei Muti, en venant de la fondamenta dell'Abbazia.

PONTE DELLA SACCA Sacca désigne une espèce de rade. La Sacca della Misericordia est l'un des lieux les plus suggestifs de Venise. Le Ponte della Sacca construit en bois en 1505, fut plus tard refait en pierres ; mais on peut toujours voir des traces de la structure première du pont sans marches. A l'extrémité de la Sacca, au delà des jardins du palais Contarini, surgit le Casino des Esprits. Il servait au début du 20ème siècle de dépôt de bois. Sa structure est élégante, sa position agréable. Il domine la lagune, les îles de Murano et de San Michele. Il y a ceux qui disent que se rassemblaient ici pour le plaisir, les plus beaux esprits de l'époque, comme Aretino, Titien, Sansovino etc…, et que le casino tirerait son nom de là. Mais l'opinion la plus répandue veut, qu'ici, la nuit, on entendait des rumeurs infernales, et l'on voyait apparaître des lutins. Cette croyance était, en quelque sorte, renforcée par le fait que la voix de qui se tenait à l'extrême point des Fondamente Nuove, au delà du canal, y recevait certainement, de face, les effets de l'écho, qui a toujours semblé quelque chose de mystérieux à l'imagination populaire. Mais qui, au jour d'aujourd'hui voudra croire à telles balivernes ? N'est ce pas une chose naturelle que ces rumeurs qui ont été et seront toujours émises par le vent qui fait habituellement rage dans cette partie de la lagune où est situé le casino? N'est-ce pas pour atteindre leurs fins et pour éloigner le peuple des parages que certains voulaient ces rumeurs artificielles et ces racontars fantastiques ?

PONTE DELLA SCOAZERA Deux ponts portent ce nom :l'un dans le quartier de Dorsoduro, l'autre dans le quartier de Castello. Scoa est le mot vénitien pour scopa, balai. Scoazze signifie spazzature, ordures. La scoazera était un espace clos, rectangulaire, sans toit où l'on recueillait les ordures. Le 18 août 1558, un décret interdit que l'on jette les déchets dans les canaux et à travers les rues, chose honteuse et dégradante pour l'environnement. Les contrevenants s'exposaient à de lourdes amendes et étaient passibles de coups de fouet. Des lieux clos, appelés scoazere furent aménagés pour recevoir les immondices. Des préposés venaient régulièrement les emporter loin de la cité sur des barques et l'on récupérait ce qui pouvait servir de fertilisant.

PONTE DELLA SENSA La Sensa, c'est la fête de l'ascension. Fête qui fut instituée pour célébrer la victoire de Venise sur la Dalmatie en l'an 1000, les troupes armées étant conduites par le doge Pietro Orseolo II. Ce jour-là, le doge partait sur le Bucentaure, son riche navire couvert d'or, pour la plage du Lido où avait lieu la cérémonie des Epousailles avec la mer. Il jetait un anneau dans les flots demandant protection pour les marins. C'était aussi jour de foire sur la place Saint-Marc, foire qui durait plusieurs jours. Il est probable que les baraques qui étaient aménagées sur la place en ces jours étaient fabriqués dans des ateliers situés sur le rio della Sensa, dans ce quartier nord de Venise. Comme on peut le voir sur un tableau de Gabriele Bella exposé à la pinacothèque Quérini et intitulé "Il corso delle Cortigiane in rio della Sensa", le rio della Sensa, bordé par la fondamenta du même nom, était un lieu où les prostituées (de luxe, les courtisanes) venaient, le jour de l'Ascension, se donner en spectacle aux spectacles, lascivement installées dans des gondoles

PONTE DELLE SPADE Tout près d'ici, une auberge à l'enseigne des "épées". En 1745, un soir de carnaval, Casanova remarque une jolie femme en compagnie de son mari. Il demande à ses compagnons d'ordonner au mari de les suivre au nom du conseil des Dix. Ce qui lui permet d'entraîner la dame dans l'auberge la plus proche, l'auberge des Deux Epées et de rester la nuit entière avec elle. Ces faits sont rapportés par Casanova lui même dans ses Mémoires. Les auberges de l'époque portaient le plus souvent soit le nom d'objets courants comme la Colonna, la Scopa (balais), il Vaso, soit des noms d'animaux : la Scimmia (singe), il Leone, l'Orso (ours), il Cammello (chameau) , il Serpente, il Cavallo (cheval)…

PONTE STORTO Pas moins de sept ponts sont ainsi nommés à Venise. La traduction de storto est : tordu, de travers. Et si ces ponts présentent une architecture curieuse, ce n'est évidemment pas par fantaisie des architectes, mais par nécessité compte tenu de la configuration des lieux…Et encore s'il fallait donner le nom de Ponte Stroto à tout pont méritant ce titre, c'est une centaine de ponts qu'il faudrait rebaptiser.

PONTE DEI TABACCHI Le rio delle Burchielle est ainsi appelé parce qu'autrefois, y stationnaient les burchi, petites barques utilisées pour le ramassage et le transport des matériaux de démolition, des ordures….Bordé par les magasins où l'on déposait le tabac, monopole d'Etat, il est traversé par un seul pont , le ponte dei Tabacchi. Le tabac arriva en Europe vers le milieu du 16ème siècle et la République de Venise fut la première au monde à instituer un monopole d'Etat pour cette marchandise à la fin du siècle, quand l'usage du tabac à priser commença à se répandre, la vente en étant réservé aux pharmacies.

PONTE DEL TINTOR Dans la Venise de la Renaissance, le luxe des vêtements aussi bien que le luxe mobilier alimentait l'industrie du textile. Les fabriques de laine et de coton surgirent mais les vénitiens excellèrent surtout dans l'art de la teinture. Ils achetaient le tissus brut en France ou en Flandre et dans les boutiques, ils accomplissaient de miraculeuses transformations. En particulier, on trouvait des tissus rouge écarlate, couleur hautement vénitienne, dont les secrets de fabrication étaient jalousement gardés. En 1532, la reine de France commanda à Venise trois cents tissus de soie colorée pour en faire des habits.

PONTE DEL TRAGHETTO C'était autrefois une expression courante : " passemo traghetto ", ce qui signifiait traversons le Grand Canal avec le traghetto. Si l'on rappelle que seulement trois ponts traversent le Grand Canal, on s'aperçoit qu'il n'est pas si aisé que cela de passer d'une rive à l'autre. Un service public de gondoles a donc été mis en place : le traghetto est la gondole publique, conduite par deux gondoliers, où l'on reste debout et qui permet pour une somme modique de traverser le Canal en sept points de la cité. Près de San Toma, un pont a pris son nom au traghetto voisin.

PONTE DELLA TANA Pont voisin de la Tana, l'immense hangar de l'Arsenal édifié en1303 et reconstruit par Antonio Da Ponte, l'architecte du Ponte di Rialto. Long de 316 mètres, c'est là que l'on travaillait le chanvre pour faire les cordages de la marine vénitienne. L'origine du nom n'est pas certaine, mais il est probable qu'elle est tirée de la ville de Tanai, en Russie Méridionale, où les vénitiens se fournissaient en chanvre

PONTE DELLA TOLETA La toleta, en dialecte vénitien, c'est la tavoletta, la petite table, la petite planche. Rappelons une nouvelle fois, que les premiers ponts à Venise n'étaient que des planches de bois jetés d'une rive à l'autre que l'on pouvait retirer pour laisser passer les bateaux. Les chevaux étaient alors présents dans la ville et ils n'auraient pu gravir les escliers. Le pont construit ici en a donc conservé le nom.

PONTE DELLE TETTE Le pont des tétons Situé à San Cassiano, dans la zone des Carampane, il réunit les quartiers de San Polo et de Santa Croce. L'histoire de ce nom curieux est simple. Près du Rialto, les Carampane était une de ces zones de Venise dans lesquelles étaient obligées par les lois de la République à exercer leur métier depuis le 15ème siècle. Pour attirer les clients, elles restaient assises, seins découverts et jambes pendantes aux fenêtres, exhibant toutes leurs grâces, ou encore plus, complètement nues devant les fenêtres. Tout cela justement devant le pont en question. La loi les encourageait même à se montrer ainsi, pour détourner la population masculine de l'homosexualité, dont l'expansion devenait un vrai problème d'Etat. On trouve dans les compte rendus de procès, de nombreuses condamnations pour violence "contre nature". La sodomie était passible de la peine de mort. Francesco Cercato fut pendu entre les deux colonnes de la Piazzetta pour sodomie en 1480. Francesco Fabrizio, prêtre et poète fut décapité et brûlé en 1545 pour "vizio nefando" (le vice qu'on ne peut pas nommer). L'homosexualité était tellement répandue à Venise qu'en 1511, les prostituées s'adressèrent au patriarche Antonio Contarini lui demandant d'intervenir parce qu'elles n'avaient plus de clients La vraie raison de leur crise était peut être leur nombre élevé : on comptait en 1509 à Venise 11654 courtisanes (presque un cinquième de la population féminine) Un autre décret de 1450, est à l'origine de 4 lampadaires que l'on installa sous les portiques du Rialto pour décourager là aussi les rencontres homosexuelles.

PONTE DELLE TURCHETTE Encore un lieu lié à la prostitution. Les turchette étaient les prisonnières musulmanes, que les vénitiens tenaient enfermées derrière les barreaux ici. Si elles se convertissaient au christianisme, sincèrement ou non, elles pouvaient être libérées. La petite histoire locale raconte que de jeunes prostituées encore vierges, capturées lors des batailles navales contre les Ottomans, tapinaient accoutrées en homme dans le rue des Turques.

PONTE DELLE VELE Pont qui doit simplement son nom à l'existence d'une boutique de veler, fabricant de petites voiles pour les embarcations légères.

PONTE DELLE VESTE La veste de gentilhomme était cette toge de tissus noir, en usage chez les grecs. L'été, elle se portait ouverte sur le devant ; l'hiver serrée à la taille et bordée de fourrure. Depuis le milieu du 17ème siècle, une boutique de " vestes de gentilshommes " existait dans la rue qui mène du campo San Fantin à la via XXII Marzo.

PONTE DEL VIN Voisin du Pont de la Paille, c'est l'un des 8 ponts qui donnent sur le bassin de Saint Marc. Au temps où les deux marchés les plus importants de la ville se tenaient quotidiennement au Rialto et à Saint Marc, les barques chargées de vin accostaient ici. Pour les mêmes raisons, au Rialto existe une Riva del Vin. Un de plus vieux brindisi italien n'est-il pas : " Qui boit bien, dort bien ; qui dort bien ne peut penser mal ; qui ne pense pas mal ne fait pas le mal ; qui ne fait pas le mal va en paradis ; donc bois bien si tu veux aller en paradis ! " Les statistiques nous apprennent qu'une famille moyenne vénitienne, composée de neuf membres consommait 16 litres de vin par jour.